Le Moulin d'Ogliastro en Cap Corse , ses pierres anciennes, ses entrailles mécaniques, la douce lumière filtrant dans son antre, autant de fenêtres visuelles sur un lieu où l’ingénierie agricole rustique rencontre la mémoire vivante.
L’image la plus bucolique dévoile le battement d’eau qui anime toujours la mécanique du moulin, tandis qu’une autre expose ses engrenages patinés par le temps.
L’histoire de ce moulin mérite de se raconter avec un brin de poésie et beaucoup de curiosité.
Construit au cours de la seconde moitié du XIXᵉ siècle dans la vallée du Guadu Grande, cet édifice fut un outil moderne , il utilisait la force hydraulique pour faire tourner trois presses à la fois capables de moudre châtaignes, olives et céréales.
Imaginez donc, une seule roue orchestrant une danse mécanique complexe qui actionnait cinq axes verticaux et quatre pressoirs .
Après la Seconde Guerre mondiale, l’usure du temps fit taire ce compagnon de labeur, abandonné aux dégradations et à l’oubli.
C’est vers 2008 que l’envie de ressusciter ce témoin du vivre rural a animé un certain Alain.
Armé des archives, de patience et d’un savoir-faire de charpentier (châtaignier, chêne et tout le bois corse qui craque d’histoire), il a recréé chaque pièce façonnée par les mains anonymes du XIXᵉ siècle.
Finalement, après des décennies de silence, les trois pressoirs reprirent vie, non seulement comme monuments, mais comme instruments de production.
Aujourd’hui, le moulin produit une huile d’olive unique, issue de la variété capanacce récoltée à pleine maturité, séchée , fruit d’un savoir-faire affûté par les générations, entre tradition et renouveau .
Ce moulin n’est pas qu’un bel objet patrimonial.
Il fait aussi partie d’une histoire plus vaste, celle du village d’Ogliastro.
Ce hameau de Cap Corse, jadis vassal de seigneurs venus de Nonza et de Canari, a traversé les siècles affrontant les attaques barbaresques (les razzias du XVIᵉ siècle, notamment en 1588), et l’amiante a un temps attiré les habitants dans les mines voisines.
Depuis, la population oscille humblement.
Pourtant, entre la tour génoise de la marine d’Albu (la Tour d’Albo ou Torra del Greco) qui veillait sur la côte au XVIᵉ siècle et les pas des randonneurs qui empruntent encore les terres escarpées, Ogliastro respire toujours un souffle de résilience.
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